« L’officine est noire de monde.
Nous sommes en sous-effectif. Il y a énormément de commandes à réceptionner et nous sommes tous derrière notre comptoir, préparateurs, préparatrices et pharmaciens, prêts à répondre au mieux à la demande des patients.
C’est autour de Mme Pin, une habituée. Elle me présente une ordonnance pour son fils de 18 mois. Elle souhaite de la mupirocine en crème. Mais j’ai un doute. Est-ce que je peux donner cela à un nourrisson ?
Je passe dans le back-office, j’ouvre le Vidal et je commence à chercher.
C’est long. Les patients s’impatientent. Mes collègues doivent absorber le flux pendant que je cherche. Les pages sont fines, j’ai du mal à trouver la bonne.
Ça y est je l’ai ! »
Ce n’est pas possible de perdre autant de temps pour éliminer un doute. Il faut trouver des bases de médicaments plus rapide en terme de recherche.
Moi c’est Alexandra, préparatrice en pharmacie de formation, j’ai exercé pendant 5 ans dans 4 officines différentes. J’ai vu les pratiques de travail changer au fil des années. Aujourd’hui, je suis rédactrice web spécialisée dans le domaine de la santé et de la pharmacie.
Depuis 2017, j’observe une réelle évolution dans les bases de données des médicaments. Je vous emmène avec moi pour vous présenter celles avec lesquelles j’ai pu travailler au cours de ma (petite) carrière. C’est parti !
Des bases de médicaments du format papier au format numérique
Lors de mon apprentissage pendant mon brevet professionnel, j’ai beaucoup appris.
Entre deux commandes, ou deux boîtes de doliprane rangées, j’observe.
J’observe mes collègues, préparateurs en pharmacie et pharmaciens, qui délivrent leurs traitements aux patients.
La plupart du temps, tout va bien. Les ordonnances ne présentent pas de problèmes : les posologies sont bonnes, il n’y a pas de contre-indications et pas d’interactions médicamenteuses.
Mais parfois, je les vois passer dans le back-office.
Et Marie, la pharmacienne, sort ce gros livre rouge, le VIDAL. C’est une vraie bible du médicament. On y trouve toutes les molécules du marché.
Cependant, cela prend du temps. Avec plus de 3500 pages, l’information est vraiment complète et permet de s’assurer de délivrer le bon traitement avec la bonne posologie et ce n’est pas pratique.
À la fin de mon apprentissage, je change d’officine et je découvre alors des pratiques différentes.
Le VIDAL est toujours présent, mais on s’en sert très peu.
Nous l’utilisons plus régulièrement sur sa version internet.
Cette pharmacie de ville est située à la frontière avec la Suisse. Je découvre alors une plateforme qui permet de trouver des équivalences entre les produits de ce pays et ceux de la France.
Cela est un vrai gain de temps, il n’est plus nécessaire de comparer la composition entre le Vidal et le Compendium.
Aussi, Clickadoc+, cette fameuse plateforme, nous permet de trouver les monographies des traitements, avec les codes CIP (très pratique si nous avons besoin de les commander).
C’est pour cette raison que nous l’utilisons en priorité. Elle permet un vrai gain de temps.
Mais avec un nombre de patients journalier qui approche les 800, j’aurais aimé connaître à cette époque une solution encore plus efficace.
D’une simple lecture à une réelle analyse
Ce n’est que quelques années après que j’ai découvert une nouvelle base de données très puissante et qui permet d’aller plus vite :Thériaque.
Elle comporte aussi l’ensemble des médicaments. Très simple d’utilisation, elle permet de trouver les mêmes informations que sur le Vidal.
Mais elle a un petit plus.
(Autre possibilité : Vidal a aussi cette fonctionnalité mais je ne la connais pas. Si c’est le cas, n’hésitez pas à me la partager. Je serais ravie de découvrir l’outil.)
Revenons-en à Thériaque, la plateforme permet d’analyser une ordonnance.
En effet, on sélectionne les informations sur le patient : âge, sexe, poids, si c’est une femme il faut préciser si elle est enceinte, si elle allaite ou si elle est en âge de procréer.
Ensuite, on sélectionne le ou les médicaments qui nous font douter. Puis on lance l’analyse.
Et là… Vous êtes rassuré, vous pouvez donner à Mme Pin son traitement sans aucun danger.
Ou à l’inverse, vous remarquez que votre doute est bien confirmé, la mupirocine est contre-indiquée chez l’enfant de moins de 30 mois.
Dans ce cas, on appelle le médecin pour savoir ce que l’on doit faire. Malgré ces outils de plus en plus performants, c’est le médecin qui est décisionnaire.
La découverte d’une plateforme « intelligente »
Thériaque me semblait déjà INCROYABLE ! (Vous trouvez que j’exagère ? Je le pense vraiment pourtant.)
Mais il y a quelque temps, en écoutant un podcast sur la healthtech (Healthtech in progress par Mériadec Gaignard), j’ai découvert encore mieux.
Une plateforme de médication intelligente : Synapse.
Ils travaillent d’ailleurs en partenariat avec Thériaque. Cette plateforme permet plusieurs choses :
- Accès aux monographies lorsque vous recherchez une information en particulier
- Analyse d’ordonnance vous pouvez ajouter l’âge du patient, s’il présente des insuffisances cardiaques, hépatiques ou rénales. Et si c’est une femme si elle allaite ou est enceinte. Vous pouvez entrer les médicaments de l’ordonnance et l’analyse se fait en quelques secondes.
- Un assistant. Oui, oui, j’ai bien dit un assistant. Vous pouvez poser vos questions sur une « messagerie instantanée ». Un chatbot vous répond et vous permet d’avoir une réponse rapidement sans avoir à rechercher dans la monographie.
Par exemple : taper interaction Soolantra et hop, quelques secondes après, vous avez votre réponse.
Et le plus de cette plateforme, c’est l’onglet BPM : Bilan partagé médical.
Mis en place dans les officines depuis 2018, le BPM a pour but d’analyser les différents traitements des patients polypathologiques et donc polymédicamentés.
Pour se faire, le pharmacien doit réaliser plusieurs entretiens. Grâce à Synapse, vous pouvez faire cela directement sur la plateforme.
Les différents onglets vous guident et vous permettent d’avancer dans l’entretien. Ainsi vous vous concentrez sur le patient et non sur votre prise de notes qui devient intuitive.
Du papier à une plateforme de médication intelligente, les bases de données des médicaments sont en évolution permanente. Ainsi, elles aident les différents professionnels de santé à exercer plus sereinement et à se recentrer sur le patient.
Et si dans le futur… Les prescriptions étaient informatisées. Et si des robots les lisaient entre le moment où le médecin l’édite et le moment où elle arrive chez nous ?
La prescription de demain nous réserve bien des surprises…